Lettre ouverte de la Tunisie aux peuples du monde

Lettre ouverte de la Tunisie aux peuples du Sud : un appel à l’unité et à la solidarité.

 

Pour Sherifa, Saadia, Saloua, Mohamed, Iyadh, Abderazek, Abdelkarim, Sonia, Mustapha, Ikbal, Imen, Mourad, Rached et toutes les victimes inconnues de la répression de la solidarité humaine en Tunisie.

Nous, familles de victimes de la répression, mouvements de soutien, organisations de la société civile, défenseur·e·s des droits humains et citoyen·ne·s solidaires, nous élevons aujourd’hui la voix en faveur de la justice, de la liberté, de la dignité du peuple tunisien et de sa pleine souveraineté ; et nous dénonçons d’une même voix l’aggravation des violations des droits humains dans notre pays, particulièrement les attaques ciblées contre les organisations indépendantes œuvrant pour les droits des migrant·e·s, réfugié.e.s et demandeur.euse.s d’asile.

Nous considérons que dans les pays assignés à la dépendance et gouvernés par des régimes autoritaires, les luttes pour la souveraineté et pour la liberté ne peuvent être dissociées — car qu’est-ce qu’une liberté sans la capacité de décider pour soi ? Et que vaut une souveraineté qui ne garantit ni justice pour ses habitants, ni respect pour ses ressortissants, ni dignité pour celles et ceux qui y trouvent refuge ?

Nous rappelons qu’ :

• À l’heure où s'intensifient les luttes décoloniales et antisionistes, où les guerres dévastatrices ravagent notre région, amenant des populations entières à se déplacer à la recherche d’un refuge ou d’une échappatoire ;
• À l’heure même où s’accélèrent les processus néo-coloniaux menés par le système impérialiste mondial, s’accaparant terres et ressources, détruisant les territoires et enfermant les populations du Sud dans la pauvreté ;
• À l’heure aussi où les effets du changement climatique s’aggravent et la pollution s'intensifie, provoquant des catastrophes écologiques alarmantes aux impacts économiques, sociaux et environnementaux dramatiques tout autour du Grand Sahara ;

Actuellement, des milliers de femmes, hommes et enfants traversent les frontières à leurs risques et périls en direction du Nord. Dépossédé.e.s de tout, elles/ils partent de Syrie, du Sénégal, du Soudan, de la Côte d’Ivoire, d’Égypte, du Maroc, du Cameroun, de la Tunisie… à la recherche de sécurité et de dignité.

Face à ce phénomène, l’Europe lève ses boucliers et repousse ses frontières vers le Sud, externalisant ainsi la gestion d’opérations de refoulement musclées, racistes et barbares. Toutes les violations sont permises ; elles sont même financées.

Dans ces conditions, les communautés de pêcheurs et de pasteurs, les organisations humanitaires, les associations locales, les médias indépendants, les défenseurs et les avocats des victimes, etc. sont aux premières lignes pour “humaniser” ces situations dramatiques, chacun selon ses moyens : apporter l’aide humanitaire et médicale d’urgence ; écouter les rescapé.e.s, recueillir leurs témoignages ou répondre à leurs questions ; sortir les cadavres de l’anonymat ; signaler les disparus…

Des actes désormais criminalisés par un régime qui, foulant aux pieds ses engagements nationaux et internationaux, multiplie les arrestations des acteurs en première ligne sous prétexte de complot contre l’État, de connivence avec l’étranger ou de blanchiment d’argent.

Le régime tunisien s’est compromis dans une stratégie délibérée de répression des voix dissidentes (voir note), qu’il faut analyser à la lumière de deux facteurs majeurs : l’enfoncement du pays dans la dette et la signature en 2023 d’un mémorandum d’entente avec l’Union européenne. Par ses actes, le régime révèle qu’il accorde une priorité manifeste à ses engagements financiers envers ses créanciers, reléguant au second plan ses responsabilités envers sa propre population ainsi que ses obligations humaines et solidaires envers les nations sœurs et les peuples frères de la Tunisie.

Nous affirmons que :

• Nos sociétés du Sud ont besoin plus que jamais d’espaces démocratiques vivants, garants des droits et libertés. Ces espaces sont indispensables aux luttes transformatives et leur défense est essentielle à l’émergence d’alternatives économiques et sociales ancrées dans notre souveraineté.
• Les conflits et les inégalités qui contraignent les personnes à devoir quitter leurs pays ne peuvent pas être surmontés sous l’hégémonie d’un système organisé, provoquant guerres, dépossession et destruction dans le Sud pour préserver une relative paix sociale dans le Nord et dont les bénéfices colossaux reviennent à une poignée de privilégiés.
• Ce qui empêche véritablement les pays comme la Tunisie de maintenir sur son territoire sa population active, de progresser vers la prospérité, de construire la paix sociale et la pleine souveraineté, c’est avant tout l’assignation par la dette à des modèles économiques défaillants et à l’échange inégal avec le Nord.
• Toute la mécanique inventée pour traquer les migrants, les bloquer en Afrique du Nord, les ficher, les enfermer, les forcer au rapatriement, n’est qu’une nouvelle boucle vicieuse qui s'ajoute à un système malsain. Au mieux, elle créera davantage de violations et de pollution, au pire elle fera fleurir de nouveaux réseaux criminels.

Pour toutes ces raisons, et à l’occasion du 20 juin, journée mondiale des réfugié.e.s, nous appelons les camarades dans les organisations, les mouvements, les communautés, les associations et les différentes dynamiques civiles africaines, arabes, régionales et internationales à signer cet appel pour une convergence solidaire avant le 20 juin.

Nous les appelons également à :

POUR LES ORGANISATIONS

• Signer et relayer cet APPEL À CONVERGENCE SOLIDAIRE (formulaire ci-bas) ;
• Célébrer la journée mondiale des réfugié.e.s, le 20 juin, en rendant hommage et en reconnaissant les défenseur·e·s des droits des réfugié.e.s en Tunisie ;
• Rejoindre l’action urgente lancée par Amnesty International : Tunisie : Défenseur·e·s des droits humains arbitrairement détenu·e·s ;
• Tout au long du mois de juin, consacrer des espaces, actions ou activités à déconstruire les récits racistes et sécuritaires, et à promouvoir des discours fondés sur les droits, la solidarité transnationale et la mémoire partagée des luttes du Sud global ;

POUR LES INDIVIDUS ET LES ORGANISATIONS

• Exprimer publiquement leur soutien aux victimes de la criminalisation de la solidarité avec les réfugié.e.s et les migrant.e.s en Tunisie par leurs propres plateformes de communication ;
• Exiger, par tous les moyens civils, institutionnels et diplomatiques, la libération des détenu.e.s ; amplifier leurs voix et celles de leurs familles, et faire écho à leurs mobilisations ;
• Continuer à soutenir la lutte renouvelée du peuple tunisien pour la liberté, la justice et la souveraineté, dans un esprit de convergence et de solidarité.

Merci de partager avec nous vos événements et photos par email à : contact@tunisiansolidarity.org ou via nos pages Facebook :

  ضد تجريم العمل المدني   - الحرية لشريفة - Free Sherifa

 

 

Abolish Frontex Belgium

AFICX UNITED NATIONS

ANPM (Association Nationale des Partenaires Migrants)

Arts distribution

Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)

Association terre pour tous

Avocats Sans Frontières Tunisie

Boza fii

Cartographie Citoyenne

CCFD-Terre Solidaire

Chkoun Collective

CNTS ( Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal).

Comité pour le Respect des Libertés et des droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT)

CRID

Equinox Initiative for Racial Justice

Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives (FTCR)

Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux FTDES

KISA cyprus

Ligue tunisienne des droits de l'homme

Maldusa project

MEDITERRANEA Saving Humans

Migreurop

Migreurop

Mouvement Uplited Africa -MUA

Mv LOUISE MICHEL PROJECT

Politta Foraboschi

Protect Humanitarians

Réseau Maghreb Sahel sur les Migrations

RSMMS Réseau syndical des Migrations Subsahariennes et Méditerranéennes

SIW social international women

SIYADA Network

Statewatch

Un Monde Avenir

Watch the Med Alarm Phone

لهيب النسا

 

Individuels

 

Abdul Mawla ElSolh

AHMED EL HAIJ

Alaeddine Mbarki

Alizée Dauchy

Anais Elbassil

Babacar Diouf

Cyrine Hammemi

Dora ben naceur

Doros Polykarpou

Elenie Sarciat

Enrico Calamai

Ezzaouia Khelil

Faouzia Bourissa

Faten derbel

Gisele kouka

Habib Bel Hedi

Hatem Hachache

Hayet jazzar

Hayet Moussa

Hella ben youssef

HERMANN

Houda Ben Ghacham

Imed soltani

Imen Bouassida

Imen Zarrouk

Jalila taamallah

Joséphine Ngoné Gueye

Kalai emna

Laura Marmorale

Lobna Saidi

Lotfi Nasri

M A MEHERZI

Mamadou SARR

Manel Kilani

Mariem Ben Romdhane

Meriem. Zeghidi

MOHAMED ALI GUIZA

Mohamed Limem Smida

Mouhamadou Moustapha Fall

Mustapha Riahi

Nadia Kaffal

Najla Bougatfa

Nawel ben ghanem

Ndeye fall

Ndeye Maguette Seck

NDIAYE SALIOU

Nicoletta Grieco

Noura Lajimi

Oueslati Ramzi

Patrice Oupa Mendy

Philippe Nanga

Politta Foraboschi

Rabâa Ben Achour

Romdhane Ben Amor

Safia Mestiri

Saliou diouf

Saloua touil

Shreya Parikh

Taieb Riahi

TERRASS AMNA

Tito Lyco

Wael Berrachid

Wassila REZGUI

Zammouri .Najet

Zitoune boubakeur

Zoe shelby